De l'amphi à la mairie
- Saxha
- 2 nov. 2021
- 16 min de lecture
Dernière mise à jour : 16 janv. 2023
Damien Monnier, directeur pédagogique à l'Université et maire de Sathonay-Camp, se confie sur son début de mandat et ses responsabilité à l'UCLy.

PORTRAIT
Damien Monnier est sathonard de naissance, né à La Croix-Rousse, sa famille est installée à Sathonay-Camp depuis 1929.
Il obtint son baccalauréat à Rillieux-la-Pape au lycée Albert Camus. L'année suivante, il choisi la formation de licence Droit public. Il passe son Master I et II en Droit public à Lyon 2. Lors de son Master II, il soutient un mémoire sur Maurice Hauriou et la notion de service public. Il soutient un doctorat sur Le concept d'État de droit par le juge administratif, le 25 septembre 2017. Il travaille sur ce thème par volonté. En faisant des recherches et en accord avec son directeur de thèse, Guillaume Protière, Damien Monnier aboutit sur une conclusion : “ l'État de droit est surpassé par l'État de contentieux". Il n'espère qu'une chose : pouvoir publier sa thèse.
Selon Damien Monnier, Guillaume Protière a des connaissances pointues sur différents sujets. Il le définit comme une personne très stricte. C'est cette rigueur qui lui a permis d'avancer. Travailler à ses côtés a été une chance pour cet ancien étudiant. Guillaume Protère lui apprend autant que le Doyen Marc Ollivier, dans le D.U. "Droit et Bien commun". Ces années ont transformé Damien Monnier sur différents sujets.
En 2009-2010, Damien Monnier trouve directement un poste à l'Université Catholique de Lyon [UCLy]. En 2013, il créé le D.U. [Diplôme universitaire] "Droit et Bien commun". Fabien Fortoul reprend ce D.U. et le renomme "Droit, Sciences politiques".
Damien Monnier devient directeur pédagogique de la Deuxième année de licence en Droit. Depuis près de dix ans, Damien Monnier travaille au sein de l'UCLy. Mais depuis 2020, il occupe la fonction de maire à Sathonay-Camp. Une ville attractive, dynamique et avoisinant Lyon - présente dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
INTERVIEW
LE MAIRE — Sathonay-Camp
Pourquoi avez-vous choisi ce type de parcours professionnel ?
J'ai toujours voulu faire du Droit. Sans savoir pourquoi. Il n'y avait que ça qui m'intéressait. Ça m'a paru naturel après le bac d'entrer à la faculté de Droit, pour devenir avocat en Droit pénal.
Aujourd'hui, je suis prof en Droit public. Intéressé depuis toujours par la politique, je suis entré au conseil municipal en 2008. Pendant mon Master I.
Le Droit ouvre sur le monde. Ça m'intéressait de découvrir le monde juridique, politique.
Quelles étaient vos motivations pour devenir maire ?
Il me semblait naturel - après deux mandats - de reprendre la suite de mon prédécesseur qui arrêtait tout. J'étais un peu le "dauphin" pour lui.
J'ai fait un mandat de conseiller de 2008 à 2014, puis d'adjoint à la communication de 2014 à 2020. J'ai souhaité me lancer en tant que maire parce qu'il y a beaucoup de choses à faire pour moderniser Sathonay-Camp. C'est normal après un maire qui est en place depuis vingt-cinq ans.
Comment peut-on convaincre en tant que nouveau candidat après un maire présent depuis vingt-cinq ans ?
La jeunesse a été à la fois un atout et une faiblesse. Un atout parce qu'il fallait du changement et les sathonards se sont reconnus dans notre programme : plus jeune, plus dynamique et des idées nouvelles. Et une faiblesse parce qu'une question se pose : est-ce qu'on fait confiance à un jeune de 35 ans ? Il fallait gagner en crédibilité.
Élu à 51.32% des voix contre 48.68%, quelle stratégie adoptez-vous pour convaincre les électeurs qui ne vous ont pas choisi ?
La victoire fut courte et belle. [rires]
Quand vous êtes maire vous ne pensez pas au parti politique. Pas à Sathonay-Camp. Vous faites pour l'ensemble de la population. Ça ne me vient jamais à l'esprit de penser uniquement à mon électorat quand je prends une décision. On touche toute la population ! Je pense que la prochaine fois ça serait vraiment différent. Il n'y aura pas le covid. Je pense que ça a trompé et tronqué l'élection. En ma faveur ou non, on ne le saura jamais.
J'ai fait une fusion avec une liste plutôt écologiste. On tend donc vers l'environnement. Mais on prend nos décisions avec du bon sens.
Est-ce difficile de réaliser l'entièreté de son programme une fois élu ?
Non, on réalise vraiment notre programme électoral.
On l'amplifie d'ailleurs ! Le covid a permis un plan de relance. Et grâce au plan du Président de la République et des fonds obtenus, nous pourrons rénover : la mairie et la poste, l'école maternelle, la salle de basket et l'ex-Crédit agricole. Des bâtiments publics vieillissants, énergivores, qui ont besoin d'un rafraichissement ! Donc on fera l'ensemble en moins d'un an. On amplifie notre programme et je pense qu'on va tenir toutes nos promesses.
Quelles sont les problématiques les plus difficiles à gérer ?
Il y a des problématiques en lien avec la métropole. On n'est pas d'accord sur l'avenir de certains terrains et sur certaines évolutions. Il faut trouver un accord et c'est difficile.
La métropole a un rôle important et conséquent.
Comment répondez-vous aux doléances de vos habitants ?
Je les reçois beaucoup. J'ai fait - et c'est la première fois que ça se met en place dans cette commune - des permanences du maire sans rendez-vous. Pour la première, on n'a pas pu le faire parce qu'il y a eu le covid. Et je pense que le début de ce mandat commence, en réalité, depuis septembre 2021.
La première permanence a eu un franc succès. On va faire des permanences avec les référents de quartiers et la gendarmerie. Et on va faire des rendez-vous des seniors : un goûter avant les fêtes, avant la distribution des colis de Noël. Finalement, il manque un peu les jeunes. C'est le plus difficile à toucher.
Quelle définition donneriez-vous à la fonction de conseiller municipal, d'adjoint au maire et celle de maire ?
Il y a une différence entre les trois et en même temps, elles vont ensemble.
Le conseiller municipal conseille sur les différentes décisions et propose différents projets, aménagement pour la ville - dans le cadre des commissions municipales.
L'adjoint épaule vraiment le maire. Moi je compte beaucoup sur mes adjoints pour être en charge d'un dossier et être spécialiste du dossier. Je les considère véritablement comme des chefs de projet et spécialistes dans leur domaine.
Le maire est multitâches. Quand on reçoit la population, on reçoit aussi des doléances difficiles à gérer. Et puis on est chef d'une administration. Tous les matins, je fais le tour des bureaux. Il me semble normal de dire bonjour à mes équipes.
Quand vous êtes maires, on sent le poids des responsabilités alors que vous le ressentez moins en tant que conseiller municipal.
Il y a une différence entre les trois.
Pourquoi suscitez-vous un intérêt particulier à la "mairie" ?
Pour moi c'est important de commencer par la ville. C'est "ma ville". Là où j'ai grandit, là où ma famille s'est installée. C'est la cellule de la proximité et on le ressent.
“ Un maire qui ne dit pas que c'est de la proximité, je ne sais pas ce qu'il fait tous les jours. ”
On est au plus proche du quotidien. C'est une belle leçon de vie !
Ça me semblait logique de commencer par ça. Et puis ça me permet de conjuguer avec mon métier de prof que j'apprécie. Pour l'instant, ça me va très bien comme ça !
On verra la suite.
Comment fonctionne la mairie de Sathonay-Camp ?
La mairie de Sathonay comprend un centaine d'agents, vingt-neuf élus. Les agents sont beaucoup répartis au niveau scolaire et périscolaire : animateurs et ATSEM. Après un audit organisationnel, on essaie de revoir l'ensemble du management et des équipes pour : re-dynamiser et être plus efficient. Après vingt-cinq ans il fallait redonner un coup de neuf, s'adapter aux nouvelles technologies et renforcer les équipes.
Il y a aussi un directeur des services qui est multitâches - un peu trop à mon sens, donc on va revoir son rôle et son poste. La Communication sera renforcée ainsi que l'ensemble des équipes : au social, aux finances et aux RH.
Pourquoi avez-vous choisi l'étiquette "Divers centre" lors de votre candidature ?
Je ne suis pas affilié à un parti politique. Pour gérer une ville, je pense qu'il ne faut pas être affilié à un parti politique. Même si on a des convictions et qu'aux présidentielles ou aux législatives, on soutiendra le candidat que nous souhaitons. Mais moi je considère qu'un maire n'a pas besoin d'étiquette politique.
Comment avez-vous constitué votre équipe ?
Je faisais parti de la majorité sortante donc certains ont continué à me suivre. Dans les associations, chez les commerçants... Des gens qui voulaient s'investir ont choisi mon camp plutôt que celui du premier adjoint sortant.
C'est pas évident. La parité oblige à respecter "une femme, un homme". Il faut trouver des candidats et des personnes qui veuillent bien s'investir.
Qu'avez-vous fait entre le 28 juin (jour d'élection) et le 4 juillet (prise des fonctions) 2020 ?
On a bien fêté la victoire ! Et vraiment bien fêté la victoire avec l'ensemble de l'équipe. C'était un très bon moment de joie. C'était une campagne très longue à Sathonay. Presque deux ans. Mouvementée avec le covid et l'équipe d'en face qui était solide, avec un projet intéressant mais inadapté pour ce mandat-là.
Le lendemain matin, j'ai eu rendez-vous à neuf heures avec le maire sortant pour une petite passation de pouvoir. Assez courte. Il a fallu préparer le conseil municipal tout de suite après, avec le conseil d'installation.
On prend connaissance des principaux dossiers. Et le 4 juillet ça été le commencement.
Comment managez-vous votre équipe municipale ?
En les recevant régulièrement. En étant à leur écoute. En étant assez disponible pour eux. Après il y a l'équipe municipale mais il y a aussi les agents. Il faut manager tout ça avec de nouvelles méthodes. On cherche encore une nouvelle méthode.
Je ne veux pas que les réunions d'adjoints s'éternisent et n'aboutissent à rien. Je ne veux pas de perte de temps du directeur général dans les comptes-rendus d'adjoints. Donc j'essaie de faire des choses assez courtes mais percutantes.
Là ça se met en place mais il a fallu une bonne année pour ça. Et encore une fois, le covid n'a pas aidé.
Vous êtes le plus jeune maire de Sathonay-Camp, que ressentez-vous ?
Rien. Ça me fait ni chaud ni froid.
C'est une fierté personnelle ! Il fallait gagner. Ce n'était pas gagner d'avance...
Quelle description feriez-vous de votre début de mandat ?
C'est le premier mandant donc j'apprends beaucoup.
Quand vous êtes maire vous apprenez tous les jours ! Vous n'êtes jamais rodé à la fonction parce qu'il en arrive tous les jours. Des choses vraiment différentes, sur : la vie associative, la sécurité, des projets en route. Il n'y a pas de routine. Parfois c'est épuisant !
Le quotidien dépasse un peu la réflexion et ça, ça me manque un peu. Je n'arrive pas encore à prendre de recul et à avoir une analyse sur différents sujets avec un réel recul. Je mets en place une administration différente pour que, justement, mes chefs de service m'appuient dans les décisions.
Tous les jours il y a une situation différente qui se présente à nous.
Quelle est l'origine de la semaine bleue ?
Cette semaine représente un moment privilégié pour informer et sensibiliser l’opinion sur la contribution des retraités à la vie économique, sociale et culturelle, sur les préoccupations et difficultés rencontrées par les personnes âgées, sur les réalisations et projets des associations.
Selon le site www.semaine-bleue.org : " Lancée en 1951, la « Journée des Vieillards », comme on l’avait d’abord baptisée, a été créée par arrêté du ministère de la santé publique et de la population. Un comité national d’entente, composé de grandes associations, d’institutions de bienfaisance et de groupements représentant les personnes âgées, avait reçu pour mission d’organiser une quête nationale, relayée par des comités départementaux. Quant à l’Uniopss, elle était chargée d’en assurer la coordination. L’objectif était de récolter des fonds pour secourir les anciens les plus « nécessiteux », 6 ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale. "
Nous on s'inscrit dans la semaine bleue. Un beau moment de partage avec les ainés ! C'est pas parce que je suis jeune, que j'oublie les aînés. Loin de là !
On a un centre communal d'action social [CCAS] qui marche très bien. Il met en route beaucoup de projets, dont une mutuelle pour ceux qui ne peuvent pas en avoir. Il y a les colis de Noël qui sont un bon moment et intéressants. Et puis il y a le goûter du maire.
Il y a une association "Le temps des aînés" qui marche très bien. Je vais aller les voir davantage. Ma jeunesse ne me fait pas oublier les anciens.
Comment avez-vous abordé la période du covid en tant que maire ?
En communicant.
Ça a été compliqué. On reçoit des protocoles sur protocoles. On ne sait pas où on va. Il y a une vraie inquiétude. La période des vacances a été une période de relâchement, d'insouciance. Mais à la rentrée il a fallu mettre en place les protocoles, un reconfinement, des couvre-feux strictes, l'instauration du télétravail en mairie, rassurer la population.
J'ai fait des vidéos alors que le maire précédent avait refusé d'en faire. On a fait évolué les choses en termes de com.
Après il y a des chaines de solidarité qui se sont mises en place. Bravo à la population qui se sont bien mobilisés ! Le mot "fraternité" avait tout son sens.
Pourquoi entretenez-vous un lien si étroit avec vos commerçant ?
C'est le poumon économique de la ville. C'est important d'avoir des petits commerces de proximité. Sans eux, Sathonay serait une ville morte. Entre les associations et les commerçants, il est important d'être au plus près et de les accompagner.
Je vis à Sathonay donc j'apprécie ces commerçants, qui sont de qualités. Et la vie associative où l'on retrouve la plupart des activités. On ne peut pas tout avoir à Sathonay mais il y a une vie associative très riche, tout au long de l'année ?
Quels rapports entretenez-vous avec le conseil municipal des jeunes ?
Je l'ai créé avec madame Boudon et madame Fontaine. On était toute une équipe à l'époque. Ça n'existait pas auparavant. C'est l'apprentissage de la citoyenneté !
Je n'ai pas le temps de m'en occuper donc c'est madame Perrut - ma première adjointe - qui s'en occupe.
C'est riche un conseil municipal des jeunes. J'apprécie vraiment les enfants. Le contact avec les enfants du conseil municipal des jeunes et de l'école, parce qu'on sent dans les cérémonies une vraie fierté et du respect. J'ai jamais eu un manque de respect par un enfant. Il y a des questions d'innocence.
J'ai qu'une école à Sathonay, il faut en prendre soin.
Quels liens entretenez-vous avec la gendarmerie ?
La gendarmerie c'est tout un monde. Il y a de nombreux corps de métier. Abriter le pôle régional de gendarmerie c'est, pour moi en tant que maire, une vraie fierté ! Une ville de 8 000 habitants et un pôle régional c'est unique. On se compare à l'Ile-de-France. Je n'ai pas les même moyens ! J'ai découvert ce monde-là grâce à mon adjoint à la sécurité qui est un ancien de l'arme. Il a fait toute sa carrière à la gendarmerie.
J'ai invité les maires du plateau : Caluire, Rilleux, Fontaine et Sathonay-Village à découvrir le pôle régional. On a été invité à manger par le général, Laurent Tavel, qui habite Sathonay-Camp et qui dirige ce pôle. C'est une relation de proximité avec le général, la compagnie (à Delfosse) et le PSIG. Et c'est l'esprit de la gendarmerie : être au plus près des élus. Je me dois d'être exemplaire en matière de sécurité.
On recrute des policiers municipaux : l'un est arrivé, l'autre est en cours de recrutement.
Pour vous, est-ce que la fonction de maire peut s'apprendre ?
Non, c'est sur le terrain. C'est tous les jours qu'elle s'apprend. Il n'y a pas un cours magistral où je pourrais expliquer et apprendre la fonction de maire. Il n'y a pas de statut local. Il y a différentes règles qui encadrent le rôle du maire.
Chacun l'exerce différemment. Selon sa sensibilité, le rapport qu'il a envie d'entretenir avec ses habitants, s'il cumule d'autres fonctions ou autres.
Je pense que la fonction de maire n'est plus la même il y a vingt ans qu'aujourd'hui. Elle devient très spécifique et la responsabilité peut être de plus en plus engagée. Il faut être très vigilant. Un maire de 8 000 habitants, comme moi, et un maire de 30 000 habitants ne faisons pas le même métier. Mais on ne peut pas dire qu'un maire ne s'investit pas ! Peu importe le bord politique ou la taille de la commune.
Comment faites-vous pour que votre ville reste attractive ?
On a la gare qui est un atout considérable. On est à 7 minutes de la Part-Dieu à 20 minutes de Perrache. On est bien desservi par la gare et les transports en commun.
Sathonay a construit énormément, ce qui a attiré les jeunes couple. Les commerçants et la vie associative permettent la vie attractive d'une ville. C'est un choix de qualité de vie. On souhaite rester "petite ville" avec son terrain de pétanque au centre. Tous les jours, quelque soit le temps, ils jouent et entretiennent le terrain. Les gens s'arrêtent, discutent. C'est du lien social. Vous ne le retrouvez pas dans les grandes villes.
L'attractivité se fait parce que la plupart des personnes recherchent la qualité de vie de la campagne et les commerces plus la dynamique associative.
Pourquoi avez-vous adhéré à la ZFE ?
Il faut en matière environnementale agir et agir vite. Je ne suis pas convaincu par la présentation actuelle des élus métropolitains. Mais ils engagent une vraie concertation !
Aux citoyens aussi de participer, de dire ce qui va ou non.
La ZFE est une bonne chose mais il faut très vite développer les transports en commun ! Le plateau nord plaide pour le métro. Je participe avec mes deux collègues à l'arrivée du métro.
Pourquoi voulez-vous renégocier le plan pluriannuel d'investissement ?
Aujourd'hui ça ne me satisfait pas dans les choix qui ont été opérés. Il ne faut pas oublier que la Métropole a pris les compétences du département. Or, le département aidait les communes dans l'investissement. Avec le plateau nord - le maire de Caluire et de Rilleux -, on a réfléchi sur un projet commun. Plutôt des projets pour nos villes respective, puis des projets communs. La réponse du président [de la Métropole] n'est pas satisfaisante parce qu'il n'y a pas assez d'aide à l'investissement. Surtout que Sathonay est atypique. Encore une fois, quand on joue le jeu : la population qui double, plus de densification, le respect de la loi SRU, réalisation d'un plan qui rentre dans le développement durable et l'écologie, des efforts sont faits envers la métropole ; la métropole doit en faire vis-à-vis des communes.
Je crois à un droit à la différenciation et j'attends le projet de loi 4D - voté à l'automne - pour qu'il n'y ait pas un égalitarisme des communes. Il est urgent de nous aider !
Je tire la sonnette d'alarme sur le mode de gouvernance de la métropole actuelle. Qu'est-ce qu'on devient ? Ce n'est pas clair pour le président de la métropole.
Que pensez-vous du projet téléphérique à Lyon ?
Je ne suis pas concerné mais je ne sais pas si un téléphérique est vraiment approprié. Moi-même en tant qu'administré, je ne sais pas si je prendrais le téléphérique.
C'est un peu surprenant comme idée. Surtout qu'il y a d'autres moyens, dont une entreprise lyonnaise qui développe un autre système sur rail. Ce projet n'a pas été consulté et je ne comprends pas pourquoi.
On n'est pas à la montagne ! Je comprends l'inquiétude des habitants de Lyon.
Comment pouvez-vous combiner deux emplois du temps, très prenants séparément : celui de maire et celui de directeur pédagogique, dans votre quotidien ?
J'ai la chance d'avoir déjà des équipes, à l'université et à la mairie, hyper solides. Je m'appuie vraiment sur eux. Tous les jours je me dis que j'ai beaucoup de chance de travailler avec eux ! Les semaines sont hyper chargées. Il faut vraiment être organisé ! Tout est rythmé, timé. Ça doit rentrer dans la semaine.
Ça laisse peu de place à autre chose pour l'instant. Mais c'est nécessaire que je combine les deux. Quand je suis à l'université, ça me fait vraiment du bien. Et quand je suis dans la mairie, il faut que j'avance.
“ La politique n'est pas un métier. ”
Un jour ça s'arrêtera. À ce moment-là, je reprendrais ma première activité : l'enseignement. Ou autre chose. On ne sait pas l'avenir.
LE DIRECTEUR PÉDAGOGIQUE — Université Catholique de Lyon
Quelle description feriez-vous sur votre implication au sein de l'UCLy ?
Mon implication a été sans failles pendant cinq ans. J'ai adoré toutes mes années de thèse. J'ai aucun regret.
C'était une chance est une fierté d'avoir créé, à vingt-cinq ans, le premier D.U. avec Marc Ollivier. Il y avait une vraie proximité avec les étudiants et un vrai accompagnement. Il y a eu des beaux moments de partage : voyage, conférences. C'était un vrai investissement ! La logistique : il fallait faire par soi-même, s'investir. Fabien Fortoul reprend ça et le fait très bien.
Pourquoi "vous" pour créer ce D.U. "Droit et Bien commun" ?
C'est Marc Ollivier qui me l'a proposé. J'étais chargé de TD. Je commençais ma thèse et je donnais des cours à Lyon 2 et à la Catho.
Le responsable de la Prépa partait. Marc Olliver m'a appelé et en une journée je devais donner une réponse. J'ai sauté sur l'opportunité : travailler avec Marc Ollivier et diriger cette Prépa. à l'époque. Très vite il fallait tout créer : une plaquette, un nom, un site de conférence, recruter les étudiants.
C'est la vie et ses opportunités.
Pourquoi avoir retenu ce nom "Droit et Bien commun" ?
On voulait l'accès sur le droit public et sur la culture générale. Faire comprendre aux étudiants qu'un concours ne se prépare pas un an à l'avance. Avec des cours de philosophie du droit.
C'est cette idée d'engagement et d'intérêt général. Ce n'est pas une notion spécifique catholique : "bien commun". Même si elle a une connotation religieuse. C'est l'engagement vers les autres.
Pourquoi êtes-vous parti de la direction de ce D.U. ?
Cinq ans au sein du D.U. c'était bien. Michel Cannarsa m'a proposé de prendre la direction pédagogique d'une année de licence. J'ai voulu voir ce que c'était aussi. C'est une évolution pour moi.
J'ai pas de regrets. Même si je garde à coeur ce D.U.
À quoi est dû l'évolution du nom : "Droit et Bien commun" à "Droit, Sciences politiques" ?
Fabien Fortoul l'a repris. Il a voulu transformer les choses en parlant de sciences politiques. Pour attirer davantage les étudiants. C'est un choix de sa part. Présenté au niveau du recteur qui l'a accepté.
Comment votre ami d'enfance a-t-il pris la direction de votre D.U. ?
Il travaillait à la Catho. Il était au sein de la Prépa et il a souhaité reprendre la suite après mon départ. J'avais confiance.
Marc Ollivier étant pris par d'autres fonctions, au niveau du rectorat, je savais que le D.U. était entre de bonnes mains.
C'est génial qu'il ait repris la suite et qu'il travaille pour ce D.U... Mais qu'il n'oublie pas que c'est moi qui l'ai créé ! [grand sourire]
Les opportunités de la vie ont fait, qu'avec Fabien, on s'est retrouvé à la Catho. En travaillant ensemble.
À Lyon 2 d'abord, en tant que chargés de TD. Il est entré en premier à la Catho et il m'a présenté à Marc Ollivier. C'est génial qu'on travail ensemble. Même s'il est difficile à supporter ! [humour]
Pourquoi n'enseignez-vous pas auprès des 3e années de licence ?
J'ai fait des cours de droit public des biens mais c'est le temps. Je garde que Théorie générale de l'État et Droit administratif parce que ce sont les deux matières que j'ai travaillé pendant ma thèse.
Comment avez-vous appréhendé le covid en tant que directeur pédagogique ?
Très compliqué.
Du jour au lendemain il fallait prendre son ordinateur et rentrer chez soi. On est coupé de tout. En pleine élections municipales, où au premier tour on finit deuxième. Période vraiment compliquée. On ne sait pas où l'on va, on suit les informations. On attend la parole présidentielle comme tous les Français.
Au sein de l'UCLy c'était des journées complètes à travailler. Des coups de téléphone avec madame Grenier. Je pense qu'on a assuré. En réalité il y a eu un suivi pédagogique qui a été bon. Je comprends qu'il y a eu du décrochage par les étudiants. Certains ont souffert de cette période d'isolement.
Qu'est-ce qui vous anime le plus dans votre poste de directeur pédagogique ?
La relation avec les étudiants. Le suivi des étudiants, encadrer des équipes de TD, donner une impulsion dans les TD. Le travail d'équipe avec madame Grenier.
Pourquoi êtes-vous fidèle à l'UCLy depuis dix ans maintenant ?
Ça me plaît. J'aime vraiment mon métier d'enseignant ! Peut-être qu'un jour je partirais, pour l'instant ça me convient très bien. Je pense que j'ai encore des choses à faire au niveau de l'enseignement. La période covid a montré qu'il y a des améliorations à réaliser au niveau de la pédagogie inversée. J'aime la fac de Droit.
Je pense que l'UCLy est une belle université !
Quelle description feriez-vous de vos années passées au sein de l'UCLy ?
Passionnantes et riches de rencontre et de sens.
Quelles perspectives d'avenir envisagez-vous pour votre carrière d'enseignant et votre fonction de maire ?
J'ai tellement de dossiers à m'occuper aujourd'hui que je veux les faire bien. On verra pour les perspectives.
Je ne ferme la porte à rien.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre à vos étudiants et à vos habitants ?
Aux étudiants je leur dirais de ne pas subir leurs études et de s'investir pleinement. Profitez de ces années à la Catho : les conférences, les journées des éditeurs, les journées solennelles ! Les années universitaires sont les plus belles années. Voir autre chose que du droit. Être ouvert sur le monde.
À mes habitants je leur dirais qu'on travaille tous les jours pour eux. Sathonay est une belle ville. Il faut la respecter. Chacun a des droits mais aussi des devoirs ! J'en appelle au civisme et à l'idée de fraternité à Sathonay-Camp.
On a une jolie ville et il faut la préserver. Mais que tout va bien à Sathonay !
Comment peut-on rester soi-même entre une fonction de maire et un poste de directeur pédagogique ?
Je ne pense pas avoir changé. Même si on gagne en autorité, en rigueur, etc. Il faut rester humble face aux fonctions. La fonction de maire, j'apprends tous les jours. Directeur pédagogique, c'est pareil. Il faut aussi être humble sur la pédagogie.
Si le covid ne rend pas humble, je ne sais pas ce qui rend humble.
Mais je prends ces fonctions avec persévérance et détermination !
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