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Du Droit de la Famille à directrice adjointe de l'UCLy

  • Photo du rédacteur: Saxha
    Saxha
  • 9 sept. 2021
  • 7 min de lecture

Dernière mise à jour : 20 déc. 2022

Carole Petit, actuellement Directrice adjointe de la Faculté de Droit de l'UCLy, retrace son parcours de l'Université Jean Moulin Lyon III à l'Université Catholique de Lyon (UCLy), au sein de son bureau (Lyon 2e).




LE PORTRAIT


Carole Petit, lyonnaise d'origine, est détentrice d'une Licence en Droit privé à l'Université Jean Moulin, Lyon III. Elle réalise une Maîtrise carrière judiciaire dans la même université avant de suivre un DEA [Diplôme d'Études approfondies] de Droit de la Famille, puis un Doctorat dont la thèse portait sur : les couples non-mariés et le droit des étrangers.

Carole Petit est qualifiée par le CNU [Conseil National des Universités] aux fonctions de Maître de conférence.


Pourquoi Lyon ?


Habitant à Lyon et étant admise à Lyon, ses parents ne souhaitaient pas financer des études à l'extérieur. Puis, Carole Petit a rapidement enseigné à l'Université Lyon III et à l'UCLy - dans lesquelles elle se trouvait bien.


Après le baccalauréat, Carole Petit n'a pas d'idée précise sur la suite de son parcours autre que l'enseignement. Par élimination, puis par les cas pratiques de Droit montrés par les amis, et ensuite par intuition, Carole Petit choisi peu à peu cette voie de juriste.



L'INTERVIEW


Quelle définition donneriez-vous à la fonction de " Maître de

conférence " ?

C'est un enseignant du supérieur / de l'Université avec de la pédagogie, de la transmission envers les jeunes adultes et avec un aspect recherche - qu'il n'y a pas forcément dans le Secondaire.


Pourquoi avez-vous choisi d'enseigner le Droit de la Famille ?

Je n'ai pas toujours enseigné que le Droit de la Famille. Aujourd'hui, j'ai différentes casquettes : la direction adjointe de la Faculté de Droit, la direction du DU état civil et des heures de recherches. Il n'y a plus beaucoup de place pour enseigner dans ma charge d'activité. Ce que je préfère est le Droit de la Famille, mais j'ai enseigné d'autres matières.

Ex : le Droit des étrangers.


Je préfère le Droit de la Famille parce que c'est un droit qui touche profondément l'humain. Je préfère le droit qui touche directement l'individu plutôt que les biens.

Au contraire des idées reçues, c'est une matière très technique, juridique dans ses raisonnements. Mais aussi connectée à la sociologie, la psychologie. C'est une matière tournée vers l'autre et il y a cette notion de vulnérabilité.


Vous assurez en parallèle de la Licence le Diplôme Universitaire état civil, pourriez-vous nous en dire quelques mots ?

Oui, c'est un DU qui peut être suivi soit parallèlement à la Licence soit après la Licence soit en formation continue. Pour moi, il vise l'ouverture des étudiants sur des thèmes qui peuvent paraître parfois anodins, relevant de la paperasse administrative, alors qu'en réalité ils sont au coeur de l'intimité de l'individu, de sa vie privée et de sa vie publique.

C'est un diplôme qui « permet d'obtenir une expertise et une spécialisation » dans un domaine qui est assez peu enseigné en tant que tel, mais qui est très important en pratique. Il touche des sujets d'actualités comme : le sexe, la PMA*, la GPA**, la loi bioéthique qui sont des sujets de société.


D'où émerge cette volonté de diriger le DU état civil ?

Il n'y avait pas de DU en Droit privé. Et puis, je fais des formations à l'extérieur à destination de professionnels. Notamment pour le CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale). C'est-à-dire que je forme des agents de mairies sur les grandes notions de l'état civil : le prénom, le nom de la famille, la filiation, etc.

Je me suis rendu compte qu'il y avait des besoins sur le terrain, des questions complexes. Et ce sont des questions qui rejoignent mes centres d'intérêts et ceux d'un certain nombre d'étudiants. J'ai donc pu assez facilement constituer une équipe d'enseignants / d'intervenants, qui sont certes des universitaires mais aussi des professionnels.

Ex : juge aux affaires familiales, avocate, président d'association de défense aux droits

des femmes, agents d'état civil dans les mairies.


Cette période de Covid a été un véritable changement pour tout le monde, comment avez-vous gérée cette situation ?

On l'a gérée dans l'urgence ! [répond elle énergiquement]

Pas avec plaisir mais quand même avec un certain enthousiasme - au début - parce que je me suis très vite dit que c'était une chance, pour nous, de réfléchir à notre enseignement ; à la vraie valeur ajoutée de l'enseignant dans le supérieur et sur notre mission première à l'égard des étudiants. C'est-à-dire sur ce qui compte vraiment : est-ce que c'est de leur livrer des connaissances ou est-ce que c'est de les faire réfléchir / raisonner / gagner en autonomie ?

On a essayé de profiter de cette période compliquée pour faire en sorte de rendre nos étudiants plus actifs et plus autonomes dans leurs apprentissages. On a essayé de les faire grandir. Si le travail était fait, c'était plus intéressant pour eux et pour nous, parce qu'on était davantage dans l'échange, la mise en perspective et dans la réflexion.

J'espère qu'on va réussir à continuer, même dans un contexte normal, en amphi. Mais cela implique que les étudiants et les enseignants jouent le jeu de la préparation en amont.


L'UCLy est un établissement de premier choix ou une opportunité professionnelle ?

Les deux.

Au départ, j'ai postulé plutôt dans les universités publiques.


Le système est compliqué.

Une fois qu'on est qualifié, on fait le " Tour de France ". C'est-à-dire qu'on postule dans les universités publiques qui ont des postes à pourvoir dans notre domaine de spécialité. Il y en a souvent très peu. Il y en n'avait quasiment pas dans ma spécialité.

Donc, j'ai quand même fait un premier tour mais en même temps j'avais déjà des enfants. Je ne pouvais pas m'éloigner géographiquement et j'ai un conjoint déjà engagé professionnellement à Lyon.

Et puis, quand je suis arrivée à l'UCLy pour y donner quelques cours, j'ai vite senti que j'y trouverai ma place. C'est une faculté à taille humaine, dans laquelle on s'intéresse véritablement à l'étudiant, il y a vraiment un esprit d'équipe. J'allais pouvoir faire " autre

chose " que de l'enseignement et de la recherche.

Pour moi, c'est très complémentaire. Je suis enseignante, je suis chercheuse mais je savais que je pourrai aussi prendre des fonctions de direction. C'est une facette du métier que je n'aurais pas eu dans une université publique. Et c'est presque celle qui me plaisait le plus.


Quelles distinctions majeures existe-t-il entre le poste de directrice adjointe ; de directrice pédagogique du DU et de directrice pédagogique des Premières années de Licence ?

Quand on est directeur pédagogique en Licence, on est très au contact des étudiants. C'est très intéressant pendant un certain nombre d'années, après c'est fatiguant. À un moment, je sentais que je perdais de la patience et que j'avais envie de prendre de la hauteur, de la réflexion pour aider au fonctionnement de la Faculté, à son évolution et faire du management d'équipe pédagogique plutôt que du management d'étudiants. Cela étant, je voulais quand même garder le contact avec les étudiants. Donc, le DU pour ça est très bien.


Comment décririez-vous votre expérience au sein de l'UCLy ?

Je ne parlerais même plus d'expérience, ça fait tellement d'années que je suis là, qu'on est au-delà de l'expérience ! [rires]

C'est vraiment mon métier. C'est une expérience extrêmement enrichissante sur le plan humain, qui prend beaucoup de place dans ma vie. Encore une fois, j'insiste sur le côté très complémentaire des trois facettes de mon métier. Pour moi, j'ai trois métiers : je suis enseignante, je suis chercheuse, et je suis directrice adjointe. Et c'est vraiment, pour moi, très satisfaisant. Je pense que s'il n'y avait qu'une de ces trois parties, je m'ennuierais. Je ne fais pas que du Droit, je fais plein de choses.

C'est une expérience enrichissante. C'est nourrissant. Et puis, c'est satisfaisant de voir que ça fonctionne : on a des étudiants, on crée de l'emploi.


Pourriez-vous nous définir votre poste d'assistante de justice ?

C'était à la fin de mon DEA, j'avais donc cinq ans d'études derrière moi. Je travaillais au tribunal de grande instance de Vienne, auprès des juges aux affaires familiales. C'est une assistance apportée aux magistrats dans la préparation des dossiers, dans la rédaction des décisions. C'est une très bonne expérience de fin d'études pour être confrontée aux métiers de la Justice.


Et votre poste de juriste au service du contentieux du bureau des étrangers ?

Oui, alors ça c'était la préfecture du Rhône. La préfecture rend un certain nombre de décisions qui concernent les étrangers : le séjour des étrangers en France, l'éventuel éloignement. Je rédigeais des mémoires, au sens juridique du terme, pour le préfet dans les affaires contentieuses.

Je suis plutôt privatiste mais là c'était plutôt du contentieux administratif. Le droit des étrangers est à cheval entre le droit privé et le droit public. C'est un peu un travail d'avocat.


Pourquoi portez-vous cet intérêt au Droit des étrangers ?

C'est un droit qui est très tourné sur l'Homme, parfois en situation de vulnérabilité. Donc, c'est le côté humain. C'est un droit un peu comme l'état civil, il est très peu enseigné dans les universités. C'est pour ça que j'ai voulu qu'on crée, à la Catho, un cours de Droit des étrangers en L3 (en option). Ça n'existe pas ou très peu ailleurs.

Or, c'est le contentieux le plus important en volume devant les juridictions administratives. Il y a une réalité de terrain qui est très peu représentée dans les universités.


Vous êtes membre de l'Unité de Recherche " Confluence et Humanité ", pourriez-vous nous dire quelques mots sur cette unité-là ?

C'est une Unité de Recherche qui regroupe une bonne partie des chercheurs de l'UCLy. Donc, elle se situe vraiment au niveau de l'Université. Elle est décomposée en plusieurs pôles. Nous c'est le pôle " Sciences juridiques, politiques et sociales ". L'idée c'est la transversalité : travailler avec les autres instituts de l'UCLy.


Envisagez-vous d'autres perspectives au sein de votre carrière professionnelle ?

Pas particulièrement parce que mon poste en lui-même évolue beaucoup. Là je m'occupe en particulier des aspects académiques et pédagogiques. J'anime des ateliers pédagogiques avec des enseignants, je m'occupe de donner les directions pour les syllabus. Maintenant, je n'exclus rien. Il peut y avoir des opportunités, à l'UCLy ou ailleurs.




* : Procréation médicalement assistée (PMA)

** : Gestation pour autrui (GPA)

Interview réalisée par Saxha P.R.

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© 2020 par Saxha P.R. pour le journal Complaw69

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